Programme OS5b Governing water
towards sustainability abstract 712
L’eau virtuelle, quel éclairage pour la gestion et la répartition de l’eau en
situation de pénurie ?
Author(s): Sara Fernandez, Gaëlle Thivet
Sara
Fernandez
Ingénieur-Doctorante
UMR G-EAU "Gestion de l'Eau, Acteurs et
Usages"
AgroParisTech
Institut des Sciences et Industries du Vivant et de l'Environnement
(Etablissement
issu du rapprochement entre l'ENGREF, l'INAPG et l'ENSIA)
ENGREF -
Keyword(s): eau virtuelle, Méditerranée, sécurité alimentaire, répartition
de l'eau, pénurie, indicateur
Article:
Poster:
Session: OS5b Governing water
towards sustainability
Abstract La question de la
représentation des relations entre les ressources en eau et l'alimentation a fait l'objet de nombreux travaux qui se
sont particulièrement développés dans le cadre de controverses autour de la rareté des ressources en eau et de sa
répartition entre usages (Treyer, 2006). Ces controverses renvoient notamment à des visions différentes des
politiques hydro-agricoles, de leurs rationalités et de leur contenu.
La communication propose, dans un
premier temps, d'analyser l'histoire et la trajectoire de la métaphore de l'eau virtuelle, c'est-à-dire la quantité d'eau
qui a été consommée pour la production d'un bien, appliquée à l'agriculture et s'inscrivant dans les controverses
relatives aux relations entre eau et alimentation.
Dans un deuxième temps, les différentes définitions proposées
pour l'eau virtuelle sont discutées. Elles traduisent des visions distinctes du concept : « libérale », « stratégique pour
la sécurité alimentaire », « environnementale », et de ses implications. Elles ont des dimensions d'ordre différent :
analytique ou prescriptif.
Dans un troisième temps, la communication propose une analyse des flux d'eau
virtuelle liés au commerce international de produits agricoles entre 1990 et 2004 pour les pays de la région
méditerranéenne (Fernandez, 2007). L'analyse des échanges d'eau virtuelle dans cette région présente en effet un
intérêt particulier du fait des tensions existant autour de la gestion et de la répartition de l'eau et de la part de
l'agriculture dans les consommations d'eau anthropiques.
Les flux d'eau virtuelle ont été calculés à partir des
statistiques d'échanges commerciaux de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO)
[1]. Les produits retenus représentent au moins 1% des flux d'eau virtuelle et sont stratégiques du point de vue de la
sécurité alimentaire. L'eau évapotranspirée, correspondant au contenu en eau virtuelle des produits végétaux, a été
estimée à partir du modèle Cropwat [2] (FAO, 1992). Depuis 1990, la région méditerranéenne [3] est globalement
importatrice nette d'eau virtuelle au travers des échanges commerciaux des produits retenus. Pour la plupart des
pays méditerranéens, les importations d'eau virtuelle sont largement supérieures à la quantité d'eau virtuelle qu'ils
consomment pour leur production nationale. Les flux d'eau virtuelle liés aux échanges de produits végétaux
représentent 225 milliards m 3/an contre 55 milliards m3/an seulement pour la viande bovine. Sur l'ensemble des
produits, seules la France et la Serbie-Monténégro sont exportatrices nettes d'eau virtuelle sur la période 2000-
2004. La Libye est le pays le plus importateur net par habitant (2800 m3/habitant/an) de la région.
Si le
concept d'eau virtuelle fournit des éléments de compréhension des interactions entre politiques sectorielles et gestion
effective de l'eau, sa valeur prescriptive reste discutable. Les échanges d'eau virtuelle constatés ne sont pas, dans la
grande majorité des cas, le résultat de choix conscients et les flux d'eau virtuelle ne correspondraient à des «
économies d'eau » que s'ils se traduisaient par des re-répartitions, productives ou non, des ressources non
mobilisées. Il faut donc que ces ressources existent, pour que l'on puisse parler de marge de manœuvre et de choix.
En revanche, le concept d'eau virtuelle met en lumière des phénomènes en donnant des ordres de grandeurs et peut
ainsi constituer un outil d'aide à la décision. Il permet enfin de ré-ouvrir le débat sur la pertinence de l'échelle du
bassin versant, unité territoriale de ressource superficielle, pour analyser et traiter de toutes les questions de gestion
et de répartition de l'eau.
[1] http://faostat.fao.org/
[2]
http://www.fao.org/ag/AGL/AGLW/cropwat.stm
[3] L'étude a porté sur les pays suivants : Albanie, Algérie,
Bosnie-Herzégovine, Chypre, Croatie, Égypte, Espagne, France, Grèce, Israël, Italie, Liban, Libye, Malte, Maroc,
Serbie Monténégro, Slovénie, Syrie, Tunisie, Turquie