Programme Poster session 1 abstract 444
Associations d’irrigants et bien club : cas d’étude de la plaine de Kairouan
(Tunisie)
Author(s): Mohamed Salah Bachta, M.A. Bchir
Economics Professor -
Institut National Agronomique de Tunis
Keyword(s): Eau, théorie des clubs, Tunisie, Association d'irrigants
Session: Poster session 1
Abstract Le nouveau set up institutionnel de la gestion de l’eau en
Tunisie ambitionne de responsabiliser les usagers dans la gestion de leur ressource. Cependant, derrière le cadre
institutionnel structuré, la réalité des associations d’irrigants est autre. Certaines arrivent à produire le bien collectif,
entretien du réseau d’irrigation, alors que d’autres éprouvent des difficultés. Quelle explication à ces différences ?
Les nombreuses études réalisées sur les associations d’irrigants ont souvent utilisé des approches technicistes. Nous
nous proposons d’adopter une lecture qui tient compte des stratégies des acteurs. Nous baserons notre recherche
sur la théorie des clubs(Abdesselam, Tahar 1997; Cornes, R. et T. Sandler 1996). Les associations de la plaine de
Kairouan sont retenues comme étude de cas.
L’association d’irrigants sera assimilée à un club d’agriculteurs
réunis pour mutualiser le coût d’entretien du réseau, l’utilisation de ce dernier constituant le service offert par le club
Nous cherchons à expliquer la capacité d’entretien de l’association par les variables déterminant le fonctionnement
d’un bien club à savoir : l’intérêt à participer, la congestion, la mixité et le mode de paiement. Les prédictions
théoriques montrent qu’une production efficace est obtenue lorsque l’individu maximise son utilité en choisissant de
participer à la production du bien collectif. La création d’association pour des agriculteurs dont l’intérêt de participer
est réduit compromet de fait l’activité de l’action collective. Aussi, le nombre élevé d’utilisateurs dans un club
soulève un problème de congestion. Il s’agit du tour d’eau : la production du bien collectif est tributaire de la
capacité à internaliser cette externalité générée par la surcharge du réseau. Une autre condition à la réussite du club
est sa composition : plus le club et homogène plus la production du bien collectif est facilitée. Enfin, le mode de
tarification utilisé : forfaitaire, proportionnel ou binomial. Le forfaitaire étant optimal lorsque le coût d’observation de
l’utilisation individuelle est élevé alors que le mode binomial quand ces coûts sont faibles et que la production du
bien club présentent des charges fixes élevées.
Les enquêtes sur le terrain montrent que l’internalisation de la
congestion et l’hétérogénéité des membres des associations posent le plus de problèmes dans la production du bien
collectif. Ainsi, près de la moitié des associations sont confrontées à des problèmes de congestion. Il existe une
corrélation négative entre la longueur du tour d’eau pour une culture représentative donnée (le piment) et sa capacité
d’entretien du réseau. Ce problème de congestion trouve son origine dans l’incertitude associée à la longueur du tour
d’eau, aux règles de gestion du tour d’eau et enfin à un degré moindre à la fiabilité de l’équipement. Par ailleurs, nous
montrons que la mixité, notamment celle concernant le pouvoir d’influence des membres, limite la capacité de l’
association à produire le bien collectif ; les associations présentant le plus grand nombre de collusion verticale
affichent des équilibres financiers déficitaires.
En conclusion, le tour d’eau dans une association représente un bon
« baromètre » quant à sa capacité à entretenir et utiliser le réseau d’irrigation. Il nécessite la coordination des efforts
des membres et du personnel administratif. Plus l’association est homogène plus le traitement du tour d’eau est
facilité.